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Calanda Amplifon Zenith   
25 juin 2012
L'Express
TIR SPORTIF Ouverture de la 15e Fête cantonale à Chézard-Saint-Martin.
 

Coup de canon et coups de fusil


La présidente du comité d'organisation, Sylvie Perrinjaquet, a ouvert la 15e Fête cantonale neuchâteloise de tir à Chézard-Saint-Martin. Un coup de canon a retenti, après quelques tentatives manquées.
Antonella Fracasso (texte)
Richard Leuenberger (photos)
 
«Que la fête commence!», s'est exclamée Sylvie Perrinjaquet, présidente du comité d'organisation - et ancienne conseillère d'Etat et conseillère nationale - avant que ne retentisse un coup de canon tonitruant dans le Val-de-Ruz. Le coup d'envoi de la 15e Fête cantonale neuchâteloise de tir (FCNT) a été lancé samedi à Chézard-Saint-Martin en présence des autorités et des membres du comité et sociétés de tir.
La journée officielle de cette FCNT 2012 a débuté par un cortège solennel partant de la place de la Rebatte. Peloton de gendarmerie, fanfare, porte-étendards et demoiselles d'honneur ont traversé le village de Chézard. Le public n'était pas nombreux, préférant sûrement les adieux à Didier Cuche. Pour autant, l'ouverture de la FCNT s'est bien déroulée. Les tireurs présents ont participé avec enthousiasme, rendant hommage à ce sport.
L'accent a été mis sur l'évolution des mentalités. Le regard sur ce sport a changé au fil des ans. Philippe Gnaegi, président du Conseil d'Etat neuchâtelois, l'a fait remarquer: «Cette discipline est assimilée à une école de la violence. Mais le calme et la concentration que requiert le tir sont contraires à la violence.»
Sylvie Perrinjaquet a aussi relevé cet aspect: «C'est un sport difficile à faire reconnaître, beaucoup associent le tir militaire et le tir sportif.»
 
Le calme que requiert le tir est contraire à la violance.
Philippe Gnaegi  
Président du conseil  
d'État neuchâtelois  

Différence cantonale

 
Pourtant, Pierre-Alain Dufaux, quinze fois champion du monde, 180 fois champion de Suisse et participant aux Jeux olympiques de 1984, 1988 et 1992 reconnaît que le tir pratiqué à Neuchâtel est «plutôt militaire, contrairement à Fribourg.» Et d'ajouter «Ce qui aiderait à changer les mentalités, serait de parler davantage de ce sport. Le tir n'est pas médiatisé comme la 5e ligue de football...»
Les diplômes honorifiques, - signés par Sylvie Perrinjaquet et Yvan Perrin, président de la Société neuchâteloise de tir - remis à la plus jeune licenciée, 11 ans, et au doyen, 91 ans, du canton de Neuchâtel démontrent que le regard a évolué (lire ci-dessous). Il y a encore quelques années, le plus jeune tireur n'aurait pas été une tireuse. «En 80 ans, le regard a changé», souligne l'ancienne conseillère nationale.
 

Près de 6200 tireurs inscrits

 
Pendant les deux prochains week-ends, tireuses et tireurs de toute la Suisse peuvent se mesurer dans les diverses catégories de ce sport. Dix stands, décentralisés dans quatre districts du canton, attendent quelque 6200 inconditionnels de cette discipline. Saint-Aubin, Corcelles-Cormondrèche, Peseux, Bôle, Neuchâtel, Dombresson, Chézard-Saint-Martin (centrale de la fête), Le Pâquier, Vilars et La Chaux-de-Fonds ouvrent leur place de tir. La séance de clôture et la remise des prix se dérouleront le 22 septembre.
Richard Leuenberger (photos)
 
Pour consulter les résultats de la 15e FCNT 2012:
http://res.fcnt2012.ch
Les armes de tir sont le fusil (à 300m), le pistolet ( 25 et 50m) et la carabine (50m).
 

[PDF - L'Express]
Source : Site arcinfo.ch

 
 

Rencontre avec trois adeptes du tir

 

«Le tir m’a aidée à être plus concentrée»


Bibler SonjaSonja Bibler, la plus jeune licenciée de tir du canton, habite Chézard-Saint-Martin et elle n’a que 11 ans. Elle a commencé cette discipline il y a un an: «C’est grâce à mon papa. Il est moniteur – Julien Bibler, 1er vice-président de la Société neuchâteloise de tir sportif –, et je l’accompagnais souvent au stand de tir. Un jour, j’ai voulu essayer.» Cette jeune demoiselle fait taire les nombreux clichés qui circulent sur le sport. Loin d’être un garçon manqué, elle prouve que les mentalités changent peu à peu. «Je ne voyais pas souvent mon papa, et cette activité nous a rapprochés.»
«A l’école, mes camarades de classe trouvent que ce sport n’est pas très féminin. Mais je fais aussi de la danse. Même si ces deux activités n’ont rien à voir, je prouve qu’on peut aimer faire des choses très différentes.» La collégienne, qui termine sa 8e année, raconte que cette discipline a été positive: «J’étais plutôt distraite, et le tir m’a aidée à être plus concentrée.»
Sonja assure que tout le monde peut faire ce sport, aussi bien les filles que les garçons, et que chacun a des qualités: «Au niveau du positionnement, les filles arrivent mieux à déhancher. Au début, les garçons me battaient, mais après un moment, j’ai réussi à faire de meilleurs résultats qu’eux. Ils sont plutôt bons joueurs et fair-play. Je n’ai pas l’impression qu’ils se mettent en compétition avec moi. Enfin, ils ne me le disent pas...»
 
 

«Je suis contre ceux qui sont contre»

 
René Stenz - Le plus vieux tireur...René Stenz est le doyen des tireurs du canton. A 91 ans, il conserve une forme exceptionnelle: «Tous les mardis, je vais au stand de tir à La Chaux-de-Fonds, mais je ne tire plus qu’au petit calibre. Je n’aurais jamais pensé atteindre cet âge. Quand on est à la retraite, il faut s’occuper. C’est trop difficile de ne rien faire.»
Cette discipline, qui demande précision et maîtrise de soi, est souvent comparée à l’horlogerie. Ce n’est pas René Stenz qui dira le contraire. Horloger-outilleur de formation, il avoue être encore aujourd’hui, un maniaque de la précision.
«J’ai commencé le tir en 1946, juste après la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce n’est pas l’unique sport que j’ai pratiqué. J’ai fait de l’athlétisme, du vélo, du football et du ski.»
Veuf depuis 2006, il raconte: «Mon épouse venait avec moi dans les compétitions de tir. Nous avions même participé à un concours ensemble.» René est fier de son parcours de tireur: «J’ai passé toutes les maîtrises de tous les cantons et demi-cantons.»
Ce retraité ne supporte pas les idées reçues qui circulent au sujet de ce sport: «Les tireurs ne sont pas des assassins. Moi, je ne pourrais jamais tirer sur un animal. Cette discipline a encore une mauvaise image, même si ça évolue doucement.» Quant aux détracteurs de la gent féminine: «Les femmes peuvent tout faire. De toute façon, je suis contre ceux qui sont contre.»
 
 

«Ce sport n’est pas très attractif»


Tamara FaedoTamara Faedo, 24 ans, a déjà été cinq fois championne de Suisse de tir – trois fois au petit calibre et deux fois à l’air comprimé. De Neuchâtel, elle tient cette passion de ses parents: «Avec ma soeur Céline, on les accompagnait souvent au stand.»
A douze ans, Tamara commence le tir. «Les gens sont surpris quand je leur dis que je fais ce sport. Même si les mentalités évoluent, il y a toujours beaucoup plus d’hommes qui pratiquent cette discipline.»
Elle n’est pas certaine qu’on puisse un jour pratiquer le tir comme on joue au football ou au tennis: «Ce sport n’est pas très attractif. Il se transmet surtout de génération en génération, et parce qu’on est né dans ce milieu.»
Actuellement, Tamara a mis cette activité en stand by. Elle se consacre entièrement à ses études de psychologie du travail à la faculté de sciences économiques, à Neuchâtel. «Ce qui me plait dans le tir, ce sont les compétitions et les voyages qui vont avec.»
Demoiselle d’honneur, avec sa soeur, lors du cortège de la FCNT, elle réalise les répercussions d’un tel événement: «Je me rends compte que c’est énorme pour le canton. Pas seulement pour les tireurs, mais au niveau du tourisme.» Sa soeur cadette s’est essayée à ce sport, mais n’a pas continué. Confrontée aux critiques qui touchent les tireurs, «j’ai essayé d’expliquer qu’il ne faut pas faire d’amalgame, mais je ne suis pas sûre d’avoir convaincu.»